OPERATION LIKOFI : PLUS DE 500 MEURTRES OFFICIELLEMENT COMMANDITES PAR L’ETAT CONGOLAIS DANS LE BUT DE RETABLIR L’AUTORITE DE L’ETAT DANS LA VILLE DE KINSHASA.


Était-il nécessaire d’en arriver à des mesures aussi draconiennes pour rétablir l’autorité de l’état dans la ville province de Kinshasa ? 

Avant de culpabiliser L’état congolais pour ces massacres officiels en plein ville de Kinshasa, Il est préférable de comprendre le contexte sécuritaire qui a prévalu dans la ville de Kinshasa de 2006 à 2013, lequel contexte a servi à La Police congolaise de prétexte pour officialiser les meurtres et kidnapping des jeunes adolescents en plein journée dans le capital de la RDC. 

L’Histoire remonte en 2006, durant le second semestre de l’année électoral en RDC, a quelque mois du début des scrutins présidentiels et législatifs, lorsqu’un climat d’insécurité teinté d’une forte tension politique s’empare de la RDC à l’approche des élections. L’insécurité est au départ causée par une rivalité qui opposait les gardes rapprochés des principaux candidats aux élections présidentielles. Des gardes rapprochés qui furent, quelques années auparavant, des belligérants issus des rebellions MLC, RCD Goma et RCD KML. 

Dans chaque quartier de Kinshasa, des jeunes garçons, âgés de 14 à 20 ans, se constituent en mouvement d’autodéfense afin de se protéger contre la tracasserie policière et militaire causées par ce mixage contre nature d’ancien rebelle. Ces jeunes gens organisent des patouilles, ils se déplacent en COLONNE. C’est peut être pour cela qu’on les a surnommé les KULUNA, faisant référence a leur mode de déplacement. 

Jouissant d’une certaines notoriété dans leur quartiers respectif et une immunité en échange des services rendus aux politiciens durant la campagne électorales de 2006 puis de 2011, les KULUNA ont vite basculé dans le banditisme. Ils se livrent aux vols, attentats, rackets et menaces des habitants. Pour un oui ou un non, un KULUNA peut vous poignarder sans être inquiété par la police. Ces actes sont généralement impunis, car chaque gang bénéficie d’une protection politique et judiciaire. Il est rare qu’un KULUNA tienne plus de deux mois en prison. 

En début de l’année 2007, L’insécurité se généralise dans la ville de KINSAHSA : Une poche de pantalon qui paraît remplie de billets de banque, un Smartphone décroché dans la rue ou encore des bijoux autour du cou. Cela suffit largement pour qu’un groupe des jeunes adolescents vous attaque à la machette et vous blesse en cas de résistance. 

REACTION DE L’ETAT CONGOLAIS. 

Dans un premier temps, ANDRE KIMBUTA, le gouverneur de Kinshasa de l’époque, tente une première approche en proposant aux KULUNA qui renonceraient à la délinquance une formation, aux frais de la ville, à l’Institut national de préparation professionnelle (INPP). Cette approche connu un échec cuisant. En 2008, lorsqu’il est nommé ministre de la Justice, LUZOLO BAMBI fait de la « traque des opérateurs de la criminalité urbaine » l’une de ses priorités. La lutte ANTI-KULUNA est lancée. L’homme de la « tolérance zéro » joue sur l’effet psychologique de la sanction, en instaurant le « transfert croisé » des délinquants condamnés: LE KULUNA arrêté est jugé en audience foraine, là où il a commis son forfait, puis, lorsqu’il a été condamné, il est transféré vers une prison située à l’intérieur du pays, généralement dans les célèbres prisons de ANGENGA et OSUE. Mais LUZOLO BAMBI est éjecté du gouvernement en avril 2012. Les tentatives du gouverneur KIMBUTA et du ministre LUZOLO BAMBI furent toutes les deux inefficaces face à l’insécurité qui envahissait le capital de la RDC de façon inquiétante. 

OPERATION LIKOFI. 

Suite à un engagement public de la part du président de la RD Congo, JOSEPH KABILA, en octobre 2013, de mettre fin à la criminalité des gangs à Kinshasa, La police a entrepris l’Opération LIKOFI. L’opération s’est étalée sur trois mois, entre novembre 2013 et février 2014. Le commandement de l’Opération LIKOFI était confié au Général CELESTIN KANYAMA, commandant chef de police pour le district de LUKUNGA à KINSHASA avant sa promotion au poste de commissaire provincial de Kinshasa à la fin décembre 2013. Le Général KANYAMA rendait compte officiellement au Commissaire général de la Police nationale congolaise, le Général CHARLES BISENGIMANA, mais selon certaines sources, il recevrait également des ordres provenant d’autres responsables de la sécurité congolaise. 

Au début de L’opération, La stratégie de La police consistait à utiliser des tactiques brutales comme avertissement pour d’autres KULUNA. De nombreuses victimes ont été battues et humiliées en public par la police pour donner effrayer les gangs de KULUNA. Etant donné qu’aucun gang KULUNA ne craignait vraiment les menaces policières, L’état congolais a autorisé aux forces de l’ordre d’abattre (sans procès ni jugement) tout individu attesté être membre influent d’un Gang des KULUNA. Cette nouvelle mission confiée à L’opération LIKOFI a contribué au climat d’angoisse à Kinshasa. Lors de raids à travers la ville, des policiers en uniforme, le visage dissimulé par des cagoules noires, ont traîné sous la menace des armes des KULUNAS présumés hors de chez eux, la nuit, sans mandats d’arrêt. Dans de nombreux cas, la police a abattu les jeunes non armés à l’extérieur de leurs domiciles, souvent devant des membres de la famille et des voisins. D'autres ont été arrêtés et exécutés dans les marchés ouverts où ils dormaient ou travaillaient, ou bien sur des terrains à proximité ou dans des espaces isolés. Plusieurs de ceux qui ont été assassinés au cours de l’Opération LIKOFI avaient entre quatorze et dix-sept ans. Beaucoup d’autres ont été emmenés dans des lieux inconnus et ont été victimes de disparitions forcées. 

Le nombre réel de victimes d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées commises au cours de l’Opération LIKOFI est probablement supérieur aux 51 exécutions extrajudiciaires et 33 disparitions forcées documentées par HUMAN RIGHTS WATCH. Mais, la société civile de KINSHASA a énumère plus de 500 morts et des fosses communes. 

Au cours de cette opération, les descentes de police ont été généralisées et de nombreux individus pris pour cible n’avaient rien à voir avec les KULUNAS. Certains étaient des enfants de la rue, alors que d’autres étaient des jeunes faussement accusés par leurs voisins en raison de litiges sans aucun lien avec les KULUNAS. Certains se trouvaient simplement au mauvais endroit, au mauvais moment. La plupart des personnes assassinées ne présentaient pas de menace mortelle imminente qui aurait justifié l’utilisation de la force létale par la POLICE. 

L’ETAT CONGOLAIS A DES D’ABUS COMMIS PAR DES POLICIERS AU COURS DE L’OPERATION LIKOFI. 

Le ministre de l’Intérieur de l’époque RICHARD MUYEJ (actuellement gouverneur de la province de LUALABA), ainsi que des officiers de police de haut rang ont déclaré en octobre et novembre 2014 que certains policiers avaient fait l’objet d’enquêtes pour des crimes commis dans le cadre de l’Opération LIKOFI, même si les magistrats assignés à l’opération LIKOFI, on reconnu qu’aucun policier ayant pris part à l’Opération LIKOFI n’a été arrêté ni condamné pour des meurtres ou des enlèvements. 

L’idée de la création d’une Opération policière de lutte contre la criminalité était sans doute louable. Mais les stratégies mise en place pour y parvenir étaient génocidaires. Tôt ou tard, il faudrait diligenter une enquête sérieuse sur cette opération LIKOFI. Il est impossible de bâtir une nation prospère et pacifique sur des fosses communes. 


Fabien OLONDO

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